12 ans après « Il était une fois la chanson française » qui est maintenant épuisée, nous avons souhaité refaire une nouvelle exposition sur ce thème mais en nous focalisant sur la période contemporaine qui couvre quand même 8 décennies ! Du microphone au MP3
Fiche technique
Texte : Jacques Vassal
Maquette : Gaston Riou
Production diffusion : Dazibao Exposition
Illustrations : Francis Vernhet, Rancurel, Studio Viollet
18 panneaux 60×84 cm : poids 2.2 Kg
prix de location : la semaine 250 € – 15 jours 350 € – 3 semaines 425 € – le mois 495 € (+ frais port aller-retour)
prix de vente : affiches non plastifiées 250 € + frais de port
Impression sur bâche : prix 690 € + frais de port
0 – PANNEAU D’INTRODUCTION
Quand, à la fin des années 1920, l’enregistrement électrique, importé des Etats-Unis, relaie la goualante des chanteuses réalistes (Fréhel, Damia, Berthe Sylva) ou des comiques troupiers (les Ouvrard père et fils), le caf’conc’ cédant la place au music-hall, la chanson française est prête pour une révolution esthétique et professionnelle dont peu d’observateurs imaginent l’ampleur.
1 – UN AIR DE LIBERTE
C’est dans les années 1920 que la «T.S.F.» a pris son essor en France. Emettant dès1922 à partir de la Tour Eiffel, les programmes proposent nouvelles, magazines pratiques, humour, dramatiques, musique instrumentale (classique ou «légère») et chansons. Le populaire animateur Radiolo est peut-être, sans le savoir ou le vouloir, à l’origine de l’abandon du terme technique de TS.F. (abréviation de «Téléphonie Sans Fil») au profit de celui, universel, de radio. Celle-ci est pour beaucoup dans le développement des techniques de transmission, mais aussi d’enregistrement et de reproduction du son. Venu des Etats-Unis, le microphone électrique envahit les studios du direct et des maisons de disques, mais aussi les salles de spectacles, music-halls et même cabarets. Ce fait technique aura des conséquences sur l’interprétation, voire sur l’écriture et la mise en musique des chansons. Désormais, il n’est plus obligatoire de posséder un organe puissant pour se faire entendre. Place aux «crooners», eux-même inspirés des modèles américains dont l’archétype est Bing Crosby. (1901-1977)
2 – QUAND NOTRE COEUR FAIT BOUM !
Charles Trenet, père fondateur de la chanson moderne. «C’est un homme très important dans la chanson. Et moi, je lui dois beaucoup d’ailleurs. Mes premières chansons étaient inspirées de Trenet. Heureusement, après, j’ai trouvé ma voie…» Cette citation est de Georges Brassens. «Sans lui, nous serions tous devenus pharmaciens.» Celle-là est de Jacques Brel. Deux exemples parmi bien d’autres. Tous les grands de la chanson française ont été marqués par Trenet, par sa carrière, son style et son œuvre. De Charles Aznavour à Léo Ferré, de Guy Béart à Claude Nougaro, de Jacques Higelin à Alain Souchon, de Barbara à Anne Sylvestre, pas un, pas une qui ne reconnaisse son rôle historique. Certes, il y a eu des précurseurs : Mireille et Jean Nohain, Jean Tranchant et quelques autres sont passés par là. Mais l’originalité de Charles Trenet consiste à marier le son et le sens, la musique et la poésie, le rythme et le verbe comme nul autre avant lui. Elle passe, aussi, par l’intégration du jazz, dont il est le pionnier en la matière, et par un renouveau dans la présentation scénique. Enfin, elle s’inscrit dans la durée. Trenet construit une œuvre.
3 – CHANTONS SOUS L’OCCUPATION
Les heures sombres, entre souffrance et espérance. A l’heure de Pétain, à l’heure de Laval,/Que faisiez-vous, mon cher, en plein dans la rafale ?/ Je chantais, et les autres ne s’en privaient pas,/ ‘’Bel ami’’, ‘’Seule ce soir’’, ‘’J’ai pleuré sur tes pas’’. Ce couplet, extrait de Honte à qui peut chanter, est signé Georges Brassens. Cette chanson ne sera connue qu’en 1982, un an après la mort de son auteur, par la voix de son ami Jean Bertola, puis reprise par Maxime le Forestier et bien d’autres. Elle montre ou rappelle à qui veut l’entendre qu’il n’y a pas de honte à chanter, ou à écouter des chansons, à vouloir se distraire ou s’amuser, même aux heures les plus sombres de l’histoire. Loin de tout cynisme, elle laisse même penser que les chansons peuvent aider un peuple qui souffre à tenir malgré tout, voire à résister. Celles des années 1939 à 1945 offrent une singulière vue en coupe des états d’âme successifs par lesquels la population française a pu passer. Jamais trop optimistes, jamais non plus tout à fait désespérées, ni lâches ni héroïques, elles remuent des sentiments aussi nuancés que l’âme humaine.
4 – A SAINT-GERMAIN-DES-PRES
La chanson se réinvente sur un air de liberté. 1945 : Georges Ulmer, Danois d’origine et amoureux de Paris, assure joyeusement : «J’ai troqué ma voiture contre une Jeep». Un an plus tard, il célébrera «Pigalle», aux airs de flon-flons, de bal populaire et de liberté retrouvée. Pendant ce temps, à Saint-Germain-des-Prés, une petite révolution se prépare. Ceux qui ont alors dix-huit, vingt ans ont été presque tous «zazous» sous l’occupation ; férus de jazz et de poésie, ils investissent des caves de ce quartier parisien, qui est aussi le favori des éditeurs et des écrivains, pour y fêter cette liberté qui a tant manqué pendant plus de cinq ans. Créés de 1946 à 1948, le Tabou rue Dauphine, la Rose Rouge rue de la Harpe, le Bar Vert rue Jacob, le Quod Libet rue du Pré-aux-Clercs, le Vieux-Colombier, sont les nouveaux lieux de rendez-vous à la mode ; tout en discutant et refaisant le monde, on y reste à danser, fumer, boire et flirter jusqu’à l’aube – délicieuse sensation pour ceux qui ont longtemps vécu sous le couvre-feu, les restrictions, la peur et la censure.
5 – LA GALAXIE PIAF
On ne parlait pas encore de «stars», on parlait simplement d’étoiles dans la France d’il y a un demi-siècle ou davantage. Mais Edith Piaf, elle, c’était autre chose. Son rayonnement était tel, elle entraînait tant d’autres artistes dans son sillage, qu’on a pu y voir une sorte de galaxie à elle seule. Sa personnalité contrastée, aussi généreuse qu’égoïste, aussi cruelle que midinette, son comportement alternant labeur acharné et gestes autodestructeurs, sa soif d’amour absolu et sa consommation d’hommes, tout chez elle porte la marque de l’excès. Autant, dans sa vie privée, elle cède souvent à des tentations suicidaires qui la fragilisent, voire qui minent sa santé physique et mentale ; autant, dans sa carrière professionnelle, elle fait preuve d’un discernement, d’une rigueur, d’une exigence qui confinent au génie. Qu’il s’agisse de choisir des musiciens, des paroliers, un impresario, une secrétaire, voire un chauffeur, Piaf a presque toujours la bonne intuition, au bon moment. Elle sait s’entourer, se faire conseiller, ans jamais se laisser manipuler… quitte, parfois à manipuler les autres !
6 – LES “EXOTIQUES”
La chanson française à l’écoute du monde : La France s’est forgée au fil des siècles grâce à l’apport de générations successives d’immigrés ; logiquement, notre chanson elle-même s’est nourrie d’apports venus d’autres pays, d’autres continents. Emprunts d’auteurs, de compositeurs et d’interprètes à des genres «exotiques», telle «La foule» rapportée par Edith Piaf d’Amérique Latine ; ou plus récemment, les Brésils de Gilberto Gil et de Vinicius de Moraes adaptés par Pierre Barouh ou Pierre Vassiliu («Qui c’est celui-là») ; reggae de Jamaïque employé par Serge Gainsbourg (album Aux Armes et caetera) ; utilisation de morceaux de jazz, de Louis Armstrong à Dave Brubeck, par Claude Nougaro ; folksong nord-américain adapté par Graeme Allwright ; country en français enregistré à Nashville par Eddy Mitchell ; blues de Bill Deraime à Paul Personne, de Johnny Hallyday à CharlElie Couture ; griots africains, de Mory Kanté à Salif Keita, mariant leurs voix et leurs rythmes aux mots et notes d’un Jacques Higelin ou d’un Bernard Lavilliers ; celui-là même conjuguant tour à tour salsa et reggae, en passant par le chant angolais d’un Bonga. Les exemples sont légion.
7 – LE REGNE DES AUTEURS-COMPOSITEURS INTERPRETES
De Montmartre à la Rive Gauche C’est bien d’un nouvel âge qu’il s’agit, même si, à y regarder de plus près, en ces années 1950, la chanson renoue avec une tradition qui remonte au XVIIIe siècle avec la «Clef du Caveau» et, plus près de nous, au début du XXe avec un Aristide Bruant. Au temps du caf’conc’ puis du music-hall naissant, chanteurs et éditeurs choisissaient des œuvres écrites et composées souvent sur commande. Dans l’entre-deux guerres, les vedettes comme Maurice Chevalier, Mistinguett perpétuent cette pratique. Le succès d’un Charles Trenet, qui chante ses propres œuvres, prouve qu’une autre voie est possible. Mais même après 1945, des artistes comme Yves Montand ou Edith Piaf (bien que celle-ci écrive et compose également) pratiquent encore le métier «à l’ancienne.». La nouvelle génération va balayer tout cela. Dans le sillage du Saint-Germain-des-Prés des intellectuels, épris de poésie et de beaux textes, le public, la critique, le «métier» s’habituent à cette nouvelle exigence. La chanson ne sert pas qu’à faire rire, ou à faire pleurer dans les chaumières ; elle redevient aussi un art de révolte, de réflexion et de quête esthétique. Les chanteurs endossent directement la responsabilité de leur répertoire, chacun créant un univers, une œuvre à part.
8 – LA TORNADE JEUNE
De nouvelles idoles pour la génération du «baby-boom». Déjà en 1954, une foule de jeunes admirateurs enflammés et désireux de danser fait tomber les fauteuils d’orchestre de l’Olympia, ancienne salle mais nouveau temple du music-hall dirigé par Bruno Coquatrix. La jeune idole du moment est là pour la réouverture, en «vedette américaine» de Lucienne Delyle. Avant de devenir une vedette au long cours, et à l’étranger, Gilbert Bécaud (né François Silly, à Toulon en 1927) éclate alors à la face du monde avec des chansons emblématiques comme Mes Mains, Les Croix ou Quand tu danses. Bon musicien, compositeur, pianiste et homme de scène, il conjugue les jolies paroles de ses coéquipiers Maurice Vidalin, Pierre Delanoé et Louis Amade avec des rythmes endiablés, souvent hérités du jazz. Ce qui lui vaudra le surnom de «Monsieur 100 000 Volts». En 1958, Bécaud va composer et enregistrer (avec des paroles de Pierre Delanoé) un nouveau succès au titre prophétique : Salut les copains. Mais l’on n’a encore rien vu : venu d’outre-Atlantique, via l’Angleterre, le vent du rock’n’roll va bientôt tout balayer.
9 – L’APRES YE – YE : LES SURVIVANTS
Il fallait faire partie des «intouchables» du calibre d’un Brassens, d’un Brel ou d’un Ferré, aux œuvres déjà conséquentes et aux carrières solidement installées en ce début d’années 1960, pour pouvoir traverser cette «tornade jeune», voire même cohabiter, sans être éclaboussé par elle. Ce n’est pas un hasard si Jacques Canetti, le directeur artistique et producteur le plus respecté de tout le métier, décida en 1961 de quitter Philips, maison avec laquelle, après le rachat de Polydor, il travaillait depuis une quinzaine d’années. L’homme qui avait lancé, pour le compte de cette firme, les carrières de Félix Leclerc, de Georges Brassens et de Jacques Brel, puis contribué à «sortir» Gainsbourg, ne supportait pas que la branche française, sous les ordres de la maison-mère (une multinationale néerlandaise) vende son âme au diable. Philips venait de racheter à sa rivale Vogue le contrat de Johnny Hallyday ; elle faisait également (sous label Fontana) débuter Claude François. Brel lui-même quitta Philips, pour Barclay.
10 – DES CARRIERES AU LONG COURS
La «tornade jeune» a été si soudaine, si vive, voire violente, qu’elle a occulté les carrières de plus longue durée d’artistes qui avaient pour seul tort d’être moins jeunes que les nouvelles idoles, ou encore de privilégier le texte et la mélodie sur le rythme et le son. Bref, de n’être pas «yé-yé» et de ne pas se prendre pour des idoles. Ils n’étaient pas les chanteurs d’un tube. Leurs carrières, entamées pour certains bien avant le yé-yé, pour d’autres pendant, voire au lendemain de cette vague, n’étaient pas faites pour ne danser qu’un seul été. Plusieurs allaient même s’étendre sur des décennies. Les disques de ceux-là s’appréciaient en 33 tours plutôt qu’en 45, pas toujours simples, résistant à l’usure du temps, aux diktats de la mode.
11 – RIRE ET CHANSON
Le rire est le propre de l’homme. Il l’est souvent, aussi, de la chanson. Une longue tradition de couplets satiriques brocardant les puissants du moment. Témoins les chansonniers du Pont-Neuf et leurs «mazarinades». A la fin du 18e siècle, le recueil «La Clef du Caveau», auquel puiseront nombre de paroliers, permet de lancer, sur un même «timbre» (c’est-à-dire sur l’air d’une chanson déjà connue), et selon l’air … du temps, simples moqueries ou vrais cris de révolte.
12 – LES ANNEES TELE
En 1967, le parc des téléviseurs en France est de sept millions d’appareils environ. Un développement considérable (3500 en 1950, 500 000 en 1956). Le lancement d’une 2e chaîne (1964), l’introduction de la couleur (1967), l’arrivée de la publicité sur la 1e chaîne (1968), le lancement de la 3e (1972) vont accentuer la tendance, jusqu’à l’éclatement de l’ORTF (1974) puis la création de Canal Plus (1984). Dans ce contexte, les émissions de «variétés» prennent une grande place sur le petit écran. Après Denise Glaser, Jean-Christophe Averty, Guy Lux avec son Palmarès des chansons offre à la chanson une tribune plus populaire, s’adressant résolument au grand public, quitte parfois à édulcorer le contenu. Il reste de grands moments de tours de chant, liés à l’époque du noir et blanc, avec des artistes du calibre de Jacques Brel, Georges Brassens, Gilbert Bécaud, Yves Montand.
13 – DANS LES MARGES DU SHOWBIZ’
Une génération en révolte et en recherche. Mai 68 est passé par là. «Révolution», agitation sociale ou simple chambardement étudiant ? Tour à tour, parfois simultanément, les vents de la contestation ont pris des couleurs communistes, trotskistes, maoïstes, libertaires, situationnistes. Puis pacifistes, écologistes, féministes, régionalistes. La chanson ne peut évidemment pas ignorer ce brassage d’idées radicales. C’est sur les barricades du Quartier Latin que fleurissent les refrains tels «A bas l’état policier», chantés par Evariste, un prof’ de maths en rupture de banc, ou Dominique Grange, par ailleurs collaboratrice de Guy Béart dans l’émission de télévision Bienvenue. C’est dans la cour de la Sorbonne occupée qu’un jeune lycéen et fils de professeur d’allemand, Renaud Séchan, écrit ses premières chansons, brûlots qui servent de brouillons aux «Hexagone» et autre «Société tu m’auras pas», futurs succès de Renaud. Ou dans les usines en grève que Colette Magny, Georges Moustaki et d’autres viennent chanter et écouter les ouvriers. Et c’est au lendemain des barricades de Mai 68 qu’un Léo Ferré trouvera une seconde jeunesse, une inspiration inédite et un nouveau public.
14 – LA « NOUVELLE CHANSON FRANCAISE »
Milieu des années 1970. La contestation s’essouffle. Une génération nouvelle s’adonne à son tour aux délices de la société de consommation. Disques, chaînes hi-fi, motos, sports d’hiver, voyages en avion à bon marché, «routards» pressés jusqu’aux antipodes… tout se banalise. Matériellement, on vit mieux qu’avant, mais avec mauvaise conscience. Car ce «mieux» n’est pas accessible à tout le monde. Ni en France, ni ailleurs. Ailleurs ? Coups d’état militaires (Chili, Argentine), famines (Bengla Desh, Ethiopie), guerres civiles (Irlande du Nord). Une certaine «modernité», mais aussi un ennui certain, commencent à poindre. Ce n’est pas encore l’«Ultra-moderne solitude» que chantera Alain Souchon dans les années 80, mais celui-ci s’affirme déjà comme une des figures de proue de cette «nouvelle chanson française». A ses côtés, d’autres chanteurs, aussi bons musiciens que paroliers, tels Francis Cabrel, Michel Jonasz, Jean-Jacques Goldman, William Sheller, Louis Chédid, Michel Berger. Et des chanteuses qui, elles aussi, font danser les mots : Véronique Sanson, France Gall dans son renouveau, Catherine Lara…
15 – LA LANGUE DE CHEZ EUX…
«Nous sommes cent quatre-vingt millions de francophones à travers le monde» proclamait crânement le chanteur belge francophone Julos Beaucarne en 1974. Avant d’ajouter, un rien provocateur : «voilà pouqwé no ston firs dyesse Wallons» («voilà pourquoi nous sommes fiers d’être Wallons.») Le français dans le monde ? Nos «élites» font si peu confiance à leur langue qu’elles tendent à lui préférer une sorte de sabir, sous-produit du franglais qui, non content d’employer des mots à contresens, va jusqu’à déstructurer la syntaxe. Quand elles ne recourent pas, carrément, à l’anglais. Ce sont les francophones d’ailleurs (Amérique du Nord, Afrique, Belgique ou Suisse) qui, le plus souvent, s’honorent de ne pas céder à l’impérialisme culturel anglo-américain (ni d’ailleurs à aucun autre qui pourrait chercher à s’imposer) et de réhabiliter le français aux yeux de ses premiers locuteurs. La fierté d’une langue, d’une culture, d’une pensée induites est une idée progressiste. Dans ce concert, les auteurs et les interprètes de chansons ont toujours joué et jouent encore leur partition.
16 – UN ROCK « MADE IN FRANCE »
Ronnie Bird (né Ronald Mehu, en 1946) et Moustique (né Michel Grégoire, en 1942) avaient été des pionniers méconnus du rock français, au temps du yé-yé. Des groupes, aussi, étaient apparus : Chaussettes Noires d’Eddy Mitchell, Chats Sauvages de Dick Rivers, Lionceaux brièvement liés à Johnny Hallyday… A partir des années 1968-70, vint le temps d’une «pop-music» française, avec des groupes parfois plus marqués par le jazz (Magma), voire le free-jazz (Red Noise) que par le rock. Certains flirtèrent avec la chanson (Zoo accompagnant Léo Ferré), d’autres avec la variété (Martin Circus) ; d’autres essayèrent d’inventer un univers avec leurs paroles en français, des albums «concepts» et une musique devant beaucoup au rock symphonique (Ange). A des titres divers, tous sont des signes avant-coureurs d’une scène rock française qui ne va réellement éclore qu’à partir des «années punk», 1977 à 1980. La première vague: Téléphone, Starshooter, Trust, Indochine. Le rock « alternatif » (Garçons Bouchers, Mano Negra, Pigalle et Boucherie Productions, Manu Chao) ; années 90 à 2010 (Louise Attaque, Noir Désir, la Tordue, les Têtes Raides). Encadré : Rapeurs et slameurs, rock marseillais I’am, Zebda, Fabulous troubadours, Femmouzes T
17 – LA « GENERATION CHORUS »
C’est dans les années 1990 que l’on a vu, véritablement, apparaître une nouvelle génération. Forte des acquis des grands anciens, grands disparus même, de Brassens à Ferré et de Brel à Gainsbourg. Mais épaulée, aussi, par des aînés eux-mêmes toujours en activité et qui, tels Bernard Lavilliers, Francis Cabrel ou Armande Altaï, aiment à transmettre leur savoir-faire et leur expérience. Le premier dirigea à Paris une école du spectacle ; le deuxième organise une filière de découvertes à partir de sa ville du sud-ouest ; la troisième, co-vedette d’un spectacle avec Jacques Higelin dans les années 1980, et elle-même chanteuse de haut vol, est devenue professeur de chant pour les jeunes candidats de la Star Academy à la télévision. Un programme par lequel passa une Olivia Ruiz, avant de trouver son style et son répertoire propres. Cette génération est aussi celle que, de 1992 à 2009, a régulièrement décrite, présentée, relayée et analysée la revue trimestrielle Chorus. Une expérience de presse indépendante dont les dossiers, interviews, reportages et rubriques constituent, rétrospectivement, peut-être la meilleure photographie chansonnière de la période.